Page:About - Germaine.djvu/170

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— J’aimerais bien cela, si la maison était bonne. Mais il faut bien des choses pour passer la frontière : de l’argent, des papiers, et je n’ai rien de tout ça.

— On ne vous laisserait manquer de rien si vous conveniez à madame. Il faudrait venir la voir une heure ou deux à Paris.

— Ça, c’est possible. Il ne m’arrivera rien, quand même je passerais une journée chez vous.

— Bien sûr.

— Si l’affaire se faisait, je voudrais prendre un autre nom sur mon passe-port. J’en ai assez du mien, il m’a porté malheur, et je le laisserais en France avec mes vieux habits.

— Bah ! vous avez raison. C’est ce qui s’appelle faire peau neuve. Je parlerai de vous à madame, et si tout peut s’arranger, je vous écrirai un mot. »

Le Tas revint le soir même à Paris. Mantoux, dit Peu-de-chance, crut avoir rencontré une fée bienfaisante sous l’enveloppe d’une guenon. Les songes les plus dorés vinrent s’asseoir à son chevet. Il rêva qu’il devenait du même coup riche et honnête, et que l’Académie française lui décernait un prix de vertu de cinquante mille francs de rente. Il reçut une lettre le lundi soir, rompit son ban et débarqua le mardi matin chez Mme Chermidy. Il avait coupé sa barbe et ses cheveux, mais le Tas n’eut garde de lui demander pourquoi.