Page:About - Germaine.djvu/184

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

ignorance et de la supériorité de son mari. Une femme se réjouit de n’être rien en comparaison de celui qu’elle aime.

On adopta l’habitude de vivre ensemble et de se réunir au jardin pour causer et pour lire. Ce qui faisait le charme de ces réunions, ce n’est pas la gaieté ; c’est une certaine sérénité calme et amicale. Don Diego ne savait pas rire, et le rire de sa mère ressemblait à une grimace nerveuse. Le docteur, franc et joyeux comme un Champenois, avait l’air de faire une fausse note lorsqu’il jetait son grain de sel dans la conversation. Germaine toussait quelquefois ; elle conservait toujours sur son visage l’expression inquiète que donne le voisinage de la mort. Et cependant ces jours d’été sans nuage étaient les premiers beaux jours de sa jeunesse.

Combien de fois, dans cette intimité de la vie de famille, l’esprit du comte fut-il troublé par le souvenir de Mme Chermidy ? Personne n’en a rien su, et je ne me hasarderais pas à le dire. Il est probable que la solitude, l’oisiveté, la privation des plaisirs vifs, où l’homme se dépense, enfin la séve du printemps qui monte au front de l’homme comme à la cime des arbres, lui firent regretter plus d’une fois la noble résolution qu’il avait prise. Les trappistes qui tournent le dos au monde après en avoir joui, trouvent au fond du cloître des armes toutes prêtes contre les tentations du passé : c’est