Page:About - Germaine.djvu/216

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dait des éclats de voix et des éclats de rire. Tous les hôtes rivalisaient d’esprit et de bonne humeur, et Germaine se sentait renaître à la douce chaleur de tous ces cœurs dévoués qui battaient pour elle. Si elle prit soin d’attiser le feu par une innocente coquetterie, c’est qu’elle tenait à s’assurer la conquête de son mari.

Les souvenirs pénibles de son mariage s’étaient peu à peu effacés de sa mémoire. Elle avait oublié la cérémonie lugubre de Saint-Thomas d’Aquin, et elle se regardait comme une fiancée qu’on attend pour aller à l’église. Elle ne pensait plus à Mme Chermidy ; elle n’éprouvait pas ce froid intérieur que donne la crainte d’une rivale. Son mari lui apparaissait comme un homme nouveau ; elle croyait être une femme nouvelle, née d’hier. N’est-ce pas naître une seconde fois que d’échapper à une mort certaine ? Elle faisait remonter sa naissance au printemps ; elle disait en souriant : « Je suis une enfant de quatre mois. » La vieille comtesse la confirmait dans cette idée en la prenant dans ses bras comme une petite fille.

Ce qui aurait pu la rappeler à la réalité, c’est la présence du marquis. Il était difficile d’oublier que cet enfant avait une mère, et que cette mère pouvait venir un jour ou l’autre réclamer le bonheur qu’on lui avait pris. Mais Germaine s’était accoutumée à regarder le petit Gomez comme son fils. L’amour