Page:About - Germaine.djvu/230

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qui vous attendait à Paris. Et puis, je craignais de prendre une douce habitude d’amour et de bonheur que la mort serait venue rompre. Et puis j’étais bien malade et je souffrais cruellement !

« Le jour où vous avez pleuré par la portière, je vous ai vu, et j’avais bonne envie de vous demander pardon et de vous sauter au cou ; mais la fierté m’a retenue. Je suis de grande race, mon pauvre ami, et je suis la première de mon sang qu’on ait vendue pour de l’argent. Cependant, j’ai bien failli me trahir le soir de Pompeï. Vous en souvenez-vous ? Moi, je n’ai rien oublié, ni vos bonnes paroles, ni mes duretés, ni vos soins si tendres et si patients, ni le mal que je vous ai fait. Je vous ai servi un calice bien amer, et vous l’avez bu jusqu’à la lie. Il est vrai que je n’ai pas été trop heureuse non plus. Je n’étais pas sûre de vous, je craignais de me tromper sur le sens de vos bontés et de prendre des marques de pitié pour des témoignages d’amour. Ce qui m’a un peu rassurée, c’est le plaisir que vous aviez à rester avec moi. Quand vous marchiez dans le jardin autour de mon divan, je vous suivais du coin de l’œil, et souvent je feignais de dormir pour vous attirer plus près. Je n’ai pas besoin d’ouvrir les yeux pour savoir que vous êtes là ; je vous vois à travers mes paupières. En quelque endroit que vous soyez, je vous devine, et je serais femme à vous trouver les yeux fermés. Quand vous