Page:About - Germaine.djvu/24

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riait à la mauvaise fortune comme autrefois à la bonne. Lorsque Germaine commença à tousser, il la plaisanta agréablement sur cette mauvaise habitude. Il fut longtemps sans voir qu’elle dépérissait. Le jour où il s’en aperçut, il éprouva une vive contrariété.

Quand le docteur lui annonça que la pauvre enfant ne pouvait être sauvée que par miracle. Il l’appela médecin Tant-Pis, et dit en se frottant les mains : « Allons, allons, cela ne sera rien ! » Il ne savait pas bien lui-même s’il prenait ces airs dégagés pour rassurer sa famille, ou si sa légèreté naturelle l’empêchait de sentir la douleur. Sa femme et sa fille l’adoraient tel qu’il était. Il traitait la duchesse avec la même galanterie qu’au lendemain du mariage, et il faisait sauter Germaine sur ses genoux. La duchesse ne le soupçonna jamais d’être la cause de sa ruine ; elle voyait en lui, depuis vingt-trois ans, un homme parfait ; elle prenait son indifférence pour du courage et de la fermeté ; elle espérait en lui, malgré tout, et le croyait capable de relever sa maison par un coup de fortune.

Germaine avait quatre mois à vivre, au sentiment du docteur Le Bris. Elle devait tomber aux premiers jours du printemps ; les lilas blancs auraient le temps de fleurir sur sa tombe. Elle pressentait sa destinée et jugeait son état avec une clairvoyance bien rare chez les phthisiques. Peut-