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Page:About - Germaine.djvu/244

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sion, de raisonnement et de prière, de vraie et de fausse logique que Jean-Jacques Rousseau en a ramassé dans la Nouvelle Héloïse : tous les soirs on le mettait à la porte avec de bonnes paroles. Il jurait de ne plus revenir ; il employait une longue nuit sans sommeil à maudire l’auteur de son supplice ; et le lendemain il courait chez son bourreau avec une impatience sénile. Toute son intelligence, toute sa volonté, tous ses vices s’étaient absorbés et confondus dans cette passion unique. Il n’était plus ni mari, ni père, ni homme, ni gentilhomme : il était le patito de Mme Chermidy.

L’expérience réussit tellement bien, qu’heureux ou malheureux, le pauvre homme devait y laisser la vie. Un supplice prolongé le tuait lentement ; la grâce qu’il demandait l’aurait tué du coup.

Après un été de souffrances quotidiennes, ses facultés intellectuelles avaient baissé sensiblement. Il n’avait presque plus de mémoire ; du moins il oubliait tout ce qui ne touchait pas à son amour. Il ne s’intéressait plus à rien ; les affaires privées et publiques, sa maison, sa femme, sa fille, tout lui était indifférent et étranger. La duchesse le soignait comme un enfant lorsqu’il restait par hasard auprès d’elle ; malheureusement il n’était pas encore assez enfant pour qu’on pût l’enfermer au logis.

Lorsqu’il reçut la lettre du docteur Le Bris, il la parcourut deux ou trois fois sans la comprendre.