Page:About - Germaine.djvu/250

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pondit sans se déranger qu’il était en affaires, et pria quelqu’un de prendre son jeu. Il voulait achever la confession ; mais le duc l’interrompit en disant d’une voix creuse : « J’ai faim. Je n’ai pas mangé d’aujourd’hui.

— Est-il vrai ?

— Oui ; faites-moi servir à dîner. Il faudra aussi que vous me prêtiez de l’argent : je n’en ai plus.

— Comment ?

— Je sais bien ; j’avais un million. Mais je l’ai donné à Honorine. »

Le duc mangea avec l’appétit vorace d’un fou. Après dîner, ses idées s’éclaircirent. C’était un esprit fatigué plutôt que malade. Il raconta au baron la passion insensée qui le possédait depuis six mois ; il lui expliqua comment il s’était dépouillé de tout pour Mme Chermidy.

Le baron était un excellent homme. Il fut tristement ému d’apprendre que cette maison qu’il avait vue se relever en quelques mois était tombée plus bas que jamais. Il plaignit surtout la duchesse, qui devait infailliblement succomber à tant de coups. Il prit sur lui de lui annoncer par degrés la maladie et la mort de Germaine, il imposa ses soins au vieux duc, et s’appliqua à redresser son entendement affaibli. Il le rassura sur les suites de sa folle générosité : il était évident que M. de Villanera ne laisserait point son beau-père dans