Page:About - Germaine.djvu/256

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le premier beau jour effaça sur tous les visages la trace des veilles et des larmes. Les hôtes de la villa Dandolo ne songeaient pas à rentrer chez eux ; ils croyaient être de la maison. Unis par le contentement, comme ils l’avaient été par l’inquiétude, ils se tenaient autour de Germaine comme une famille bien assortie autour d’un enfant adoré. Le jour où l’on écrivit à la duchesse de La Tour d’Embleuse pour lui annoncer le salut de sa fille, chacun voulut dire son mot à l’heureuse mère, et la plume passa de main en main. Cette lettre arriva à Paris le 22 septembre, deux jours après l’éclipse du vieux duc.

Mme Chermidy et son inséparable Tas débarquèrent le 24 au soir dans la ville de Corfou. La veuve du commandant avait fait ses paquets en toute hâte. À peine avait-elle pris le temps de réunir cent mille francs pour le salaire de Mantoux et les dépenses imprévues. Le Tas lui conseillait d’attendre à Paris des nouvelles plus positives ; mais on croit si volontiers ce qu’on désire, que Mme Chermidy tenait Germaine pour enterrée. De Trieste à Corfou, elle vécut sur le pont, la lorgnette à la main : elle voulait être la première à signaler la terre. Elle était tentée d’arrêter tous les navires qui passaient au large pour demander s’ils ne portaient pas de lettres à son adresse. Elle s’informa si l’on arriverait le matin, car elle ne se sentait pas de force à passer