Page:About - Germaine.djvu/267

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« Madame, dit-elle en tremblant, si c’est pour cela que vous êtes venue chez moi….

— Chez vous ! n’allez-vous pas appeler vos gens pour me faire chasser de chez vous ? En vérité, voilà qui est merveilleux ! c’est moi qui suis chez vous ! Mais vous n’avez rien qui ne vous vienne de moi ! Votre mari, votre enfant, votre fortune et l’air même que vous respirez, tout vient de moi, tout m’appartenait, tout est un dépôt que je vous ai confié : vous me devez tout, et vous ne me rembourserez jamais ! Vous végétiez à Paris sur un méchant grabat ; les médecins vous condamnaient à mort, vous n’aviez plus trois mois à vivre ; on me l’avait promis ! Votre père et votre mère allaient mourir de faim ! Sans moi, la famille de La Tour d’Embleuse ne serait plus qu’un tas de poussière dans la fosse commune. Je vous ai tout donné : père, mère, mari, enfant, et la vie ; et vous osez me dire en face que je suis chez vous ! Il faut que vous soyez bien ingrate ! »

Il était difficile de répondre à cette éloquence sauvage. Germaine croisa ses bras devant sa poitrine et dit : « Mon Dieu ! madame, j’ai beau sonder ma conscience, je ne me trouve coupable de rien, que d’avoir guéri. Je n’ai jamais contracté d’engagements envers vous, puisque je vous rencontre pour la première fois. Il est vrai que sans vous je serais morte depuis longtemps ; mais si vous m’avez sauvée, c’est sans le vouloir : et la preuve, c’est que