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ces gens-là. À une condition cependant : c’est que l’affaire se fasse au grand jour, sans hypocrisie. Ma fille peut reconnaître un enfant étranger, dans l’intérêt de deux grandes maisons de France et d’Espagne. Si quelqu’un demande pourquoi, on lui répondra par la raison d’État. Et vous sauverez la duchesse ?

— J’en réponds.

— Vous sauverez ma fille aussi ? »

Le docteur hocha lentement la tête. Le vieillard reprit d’une voix résignée :

« Allons ! on ne peut pas avoir tout à la fois. Pauvre enfant ! Nous aurions bien voulu partager notre aisance avec elle ! Cinquante mille francs de rente ! Je savais bien que la veine me reviendrait ! »

La duchesse entra là-dessus, et son mari lui résuma avec une admiration enfantine les offres de M. Le Bris. Le docteur s’était levé pour donner sa chaise à la pauvre femme qui courait sans repos depuis le matin. Elle s’accouda sur le lit face à face avec le duc, et elle écouta les yeux fermés tout ce qu’il voulut lui dire. Le vieillard, mobile comme un homme dont la raison est mal assise, avait oublié ses propres objections. Il ne voyait plus qu’une chose au monde : cinquante mille francs de rente. Il poussa l’étourderie jusqu’à parler à la duchesse des dangers qu’elle courait et de sa vie à sauver.