Page:About - L’Homme à l’oreille cassée.djvu/104

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cousse, jusqu’à la température du corps humain. Ces conditions de chaleur et d’humidité furent maintenues avec le plus grand soin durant vingt-quatre heures. Personne ne dormit dans la maison. Les membres de la commission parisienne campaient dans le laboratoire. Léon chauffait ; M. Nibor, M. Renault et M. Martout s’en allaient tour à tour surveiller le thermomètre. Mme Renault faisait du thé, du café et même du punch ; Gothon, qui avait communié le matin, priait Dieu dans un coin de sa cuisine pour que ce miracle impie ne réussît pas. Une certaine agitation régnait déjà par la ville, mais on ne savait s’il fallait l’attribuer à la fête du 15 ou à la fameuse entreprise des sept savants de Paris.

Le 16 à deux heures on avait obtenu des résultats encourageants. La peau et les muscles avaient recouvré presque toute leur souplesse, mais les articulations étaient encore difficiles à fléchir. L’état d’affaissement des parois du ventre et des intervalles des côtes montrait enfin que les viscères étaient loin d’avoir repris la quantité d’eau qu’ils avaient perdue autrefois chez M. Meiser. Un bain fut préparé et maintenu à la température de 37 degrés et demi. On y laissa le colonel pendant deux heures, en ayant soin de lui passer souvent sur la tête une éponge fine imbibée d’eau.

M. Nibor le retira du bain lorsque la peau, qui s’était gonflée plus vite que les autres tissus, com-