Page:About - L’Homme à l’oreille cassée.djvu/11

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Ta pauvre mère était souffrante depuis l’hiver ; je ne t’en avais pas parlé de peur de t’inquiéter à cette distance. Moi-même je n’étais guère vaillant ; il y avait encore une troisième personne (tu devineras son nom si tu peux) qui languissait de ne pas te voir. Mais rassure-toi, mon cher Léon : nous renaissons à qui mieux mieux depuis que la date de ton retour est à peu près fixée. Nous commençons à croire que les mines de l’Oural ne dévoreront pas celui qui nous est plus cher que tout au monde. Dieu soit loué ! Cette fortune si honorable et si rapide ne t’aura pas coûté la vie, ni même la santé, s’il est vrai que tu aies pris de l’embonpoint dans le désert, comme tu nous l’assures. Nous ne mourrons pas sans avoir embrassé notre fils ! Tant pis pour toi si tu n’as pas terminé là-bas toutes tes affaires : nous sommes trois qui avons juré que tu n’y retournerais plus. L’obéissance ne te sera pas difficile, car tu seras heureux au milieu de nous. C’est du moins l’opinion de Clémentine… j’ai oublié que je m’étais promis de ne pas la nommer ! Maître Bonnivet, notre excellent voisin, ne s’est pas contenté de placer tes capitaux sur bonne hypothèque ; il a rédigé dans ses moments perdus un petit acte fort touchant, qui n’attend plus que ta signature. Notre digne maire a commandé à ton intention une écharpe neuve qui vient d’arriver de Paris. C’est toi qui en auras l’étrenne. Ton appartement,