rez d’ailleurs que je me suis couché hier sans souper, à Liebenfeld. »
Il pria M. Nibor de lui raconter par quelle série de circonstances il était venu de Liebenfeld à Fontainebleau.
« Vous rappelez-vous, dit le docteur, un vieil Allemand qui vous a servi d’interprète devant le conseil de guerre ?
— Parfaitement. Un brave homme qui avait une perruque violette. Je m’en souviendrai toute ma vie, car il n’y a pas deux perruques de cette couleur-là.
— Eh bien ! c’est l’homme à la perruque violette, autrement dit le célèbre docteur Meiser, qui vous a conservé la vie.
— Où est-il ? je veux le voir, tomber dans ses bras, lui dire…
— Il avait soixante-huit ans passés lorsqu’il vous rendit ce petit service : il serait donc aujourd’hui dans sa cent quinzième année s’il avait attendu vos remercîments.
— Ainsi donc il n’est plus ! La mort l’a dérobé à ma reconnaissance !
— Vous ne savez pas encore tout ce que vous lui devez. Il vous a légué, en 1824, une fortune de trois cent soixante-quinze mille francs, dont vous êtes le légitime propriétaire. Or comme un capital placé à cinq pour cent se double en quatorze ans, grâce aux