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XIII


Histoire du colonel Fougas, racontée par lui-même.


« N’espérez pas que j’émaille mon récit de ces fleurs plus agréables que solides, dont l’imagination se pare quelquefois pour farder la vérité. Français et soldat, j’ignore doublement la feinte. C’est l’amitié qui m’interroge, c’est la franchise qui répondra.

« Je suis né de parents pauvres, mais honnêtes, au seuil de cette année féconde et glorieuse qui éclaira le Jeu de Paume d’une aurore de liberté. Le Midi fut ma patrie ; la langue aimée des troubadours fut celle que je bégayai au berceau. Ma naissance coûta le jour à ma mère. L’auteur des miens, modeste possesseur d’un champ, trempait son pain dans la sueur du travail. Mes premiers jeux ne fu-