Page:About - L’Homme à l’oreille cassée.djvu/218

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énergiques qui le tiraient par les pieds. Sensation trop connue, hélas ! et qui lui rappelait les plus mauvais souvenirs de sa vie. Il ouvrit les yeux avec épouvante et vit l’homme de la photographie, dans le costume de la photographie ! Ses cheveux se hérissèrent, ses yeux s’arrondirent en boules de loto, il poussa un grand cri et se jeta à corps perdu entre les deux banquettes dans les jambes de ses voisins.

Quelques coups de pied vigoureux le rappelèrent à lui-même. Il se releva comme il put et regarda autour de lui. Personne que les deux voisins, qui lançaient machinalement leurs derniers coups de pied dans le vide en se frottant les yeux à tour de bras. Il acheva de les réveiller en les interrogeant sur la visite qu’il avait reçue, mais ces messieurs déclarèrent qu’ils n’avaient rien vu.

Meiser fit un triste retour sur lui-même ; il remarqua que ses visions prenaient terriblement de consistance. Cette idée ne lui permit point de se rendormir.

« Si cela continue longtemps, pensait-il, l’esprit du colonel me cassera le nez d’un coup de poing ou me pochera les deux yeux ! »

Peu après, il se souvint qu’il avait très-sommairement déjeuné et s’avisa que le cauchemar était peut-être engendré par la diète. Il descendit aux cinq minutes d’arrêt et demanda un bouillon. On lui servit du vermicelle très-chaud, et il souffla