Page:About - L’Homme à l’oreille cassée.djvu/229

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tendre que les pauvres capitalistes comme eux n’avaient pas un million dans leur caisse.

« Mais vous ne perdrez rien pour attendre, mon doux monsieur ! Demain, vous toucherez la somme en bel argent blanc : mon mari va vous signer un bon sur la banque royale de Dantzig.

— Mais… » disait encore l’infortuné Meiser. Il signa cependant, car il avait une confiance sans bornes dans le génie pratique de Catherine. La vieille pria Fougas de s’asseoir au bout de la table et lui dicta une quittance de deux millions, pour solde de tout compte. Vous pouvez croire qu’elle n’oublia pas un mot des formules légales et qu’elle se mit en règle avec le code prussien. La quittance, écrite en entier de la main du colonel, remplissait trois grandes pages.

Ouf ! Il signa et parapha la chose et reçut en échange la signature de Nicolas, qu’il savait bonne.

« Décidément, dit-il au vieillard, tu n’es pas aussi arabe qu’on me l’avait dit à Berlin. Touche là, vieux fripon ! Je ne donne la main qu’aux honnêtes gens à l’ordinaire ; mais dans un jour comme celui-ci, on peut faire un petit extra.

— Faites-en deux, monsieur Fougas, dit humblement Mme Meiser. Acceptez votre part de ce modeste souper !

— Parbleu ! la vieille ; ça n’est pas de refus. Mon