Page:About - L’Homme à l’oreille cassée.djvu/23

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« Quel bonheur ! » dit Clémentine en restituant à la patère la capuche de sa tante.

Mme Renault ne savait pas encore où l’on avait mis les bagages de Léon. Gothon vint dire que tout était jeté pêle-mêle dans la boutique à sorcier, en attendant que Monsieur désignât ce qu’il fallait porter dans sa chambre. Toute la compagnie se rendit avec les lampes et les flambeaux dans une vaste salle du rez-de-chaussée où les fourneaux, les cornues, les instruments de physique, les caisses, les malles, les sacs de nuit, les cartons à chapeau et la célèbre machine à vapeur formaient un spectacle confus et charmant. La lumière se jouait dans cet intérieur comme dans certains tableaux de l’école hollandaise. Elle glissait sur les gros cylindres jaunes de la machine électrique, rebondissait sur les matras de verre mince, se heurtait à deux réflecteurs argentés et accrochait en passant un magnifique baromètre de Fortin. Les Renault et leurs amis, groupés au milieu des malles, les uns assis, les autres debout, celui-ci armé d’une lampe et celui-là d’une bougie, n’ôtaient rien au pittoresque du tableau.

Léon, armé d’un trousseau de petites clefs, ouvrait les malles l’une après l’autre. Clémentine était assise en face de lui sur une grande boîte de forme oblongue, et elle le regardait de tous ses yeux avec plus d’affection que de curiosité. On commença par mettre à part deux énormes caisses carrées qui ne