— Je ne vous empêche pas de ramasser les bonbons que mes enfants ont semés à terre.
— C’est bien de bonbons qu’il s’agit ! Mon million, monsieur !
— Quel million ?
— Le million de votre frère !… Non ! de celui qui n’est pas votre frère, du fils de Clémentine, de mon cher et unique enfant, seul rejeton de ma race, Pierre Langevin, dit Pierrot, meunier à Vergaville !
— Mais je vous jure, monsieur, que je n’ai pas de million à vous, ni à personne.
— Ose le nier, scélérat ! quand je te l’ai moi-même envoyé par la poste !
— Vous me l’avez peut-être envoyé, mais pour sûr je ne l’ai pas reçu !
— Eh bien ! défends ta vie ! »
Il lui sauta à la gorge, et peut-être la France eût-elle, perdu ce jour-là un conseiller de préfecture, si la servante n’était entrée avec deux lettres à la main. Fougas reconnut son écriture et le timbre de Berlin, déchira l’enveloppe et montra le bon sur la Banque.
« Voilà, dit-il, le million que je vous destinais si vous aviez voulu être mon fils ! Maintenant, il est trop tard pour vous rétracter. La nature m’appelle à Vergaville. Serviteur ! »
Le 4 septembre, Pierre Langevin, meunier de