ne pouvait obtenir d’emblée un respect sans mélange et une amitié sans restriction.
M. et Mme Renault prêchaient à leur fils la soumission et la déférence. Ils lui représentaient M. Fougas comme un parent à ménager.
« Quelques jours de patience ! disait la bonne mère, il ne restera pas longtemps avec nous ; c’est un soldat qui ne saurait vivre hors de l’armée, non plus qu’un poisson hors de l’eau. »
Mais les parents de Léon, dans le fond de leur âme, gardaient le souvenir amer de tant de chagrins et d’angoisses. Fougas avait été le fléau de la famille ; les blessures qu’il avait faites ne pouvaient se cicatriser en un jour. Gothon elle-même lui gardait rancune sans le dire. Elle poussait de gros soupirs chez Mlle Sambucco, en travaillant au festin des noces.
« Ah ! mon pauvre Célestin, disait-elle à son acolyte, quel petit scélérat de grand-père nous aurons là ! »
Le seul qui fût parfaitement à son aise était Fougas. Il avait passé l’éponge sur ses fredaines, lui ; il ne gardait aucune rancune à personne de tout le mal qu’il avait fait. Très-paternel avec Clémentine, très-gracieux avec M. et Mme Renault, il témoignait à Léon l’amitié la plus franche et la plus cordiale.
« Mon cher garçon, lui disait-il, je t’ai étudié, je te connais, je t’aime bien ; tu mérites d’être heu-