Page:About - L’Homme à l’oreille cassée.djvu/281

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expériences sur la révivifaction des hommes n’avaient pas encore donné des résultats favorables. Mais la loi est faite pour la généralité et ne doit pas tenir compte des exceptions. On verrait sans doute à la modifier si les cas de résurrection se présentaient en certain nombre.

« Agréez, etc. »

Un morne silence accueillit cette lecture. Le Mane, Thécel Pharès des légendes orientales ne produisit pas un effet plus foudroyant. Le gendarme était toujours là, debout, dans la position du soldat sans armes, attendant le récépissé de Fougas. Le colonel demanda une plume et de l’encre, signa le papier, le rendit, donna pour boire au gendarme, et lui dit avec une émotion contenue :

« Tu es heureux, toi ! on ne te défend pas de servir ton pays ! Eh bien ! reprit-il en s’adressant au maréchal, qu’est-ce que tu dis de ça ?

— Que veux-tu que j’en dise, mon pauvre vieux ; cela me casse bras et jambes. Il n’y a pas à discuter contre la loi ; elle est formelle. Ce qui est bête à nous, c’est de n’y avoir pas songé plus tôt. Mais qui diable, en présence d’un gaillard comme toi, aurait pensé à l’âge de la retraite ? »

Les deux colonels avouèrent que cette objection ne leur était pas venue à l’esprit ; mais, une fois qu’on l’avait soulevée, ils ne voyaient rien à répondre. Ni l’un ni l’autre n’auraient pu engager Fougas