Page:About - L’Homme à l’oreille cassée.djvu/34

La bibliothèque libre.
Aller à la navigation Aller à la recherche
Cette page a été validée par deux contributeurs.

en avait recueilli un certain nombre en 1743 ; il en fit présent à Martin Folkes, qui les donna à Baker, et ces intéressants animaux ressuscitèrent dans l’eau en 1771. Ils jouirent de la satisfaction bien rare de coudoyer leur vingt-huitième génération ! Un homme qui verrait sa vingt-huitième génération ne serait-il pas un heureux grand-père ?

« Un autre fait non moins intéressant, c’est que les animaux desséchés ont la vie infiniment plus dure que les autres. Que la température vienne à baisser subitement de trente degrés dans le laboratoire où nous sommes réunis, nous prendrons tous une fluxion de poitrine. Qu’elle s’élève d’autant, gare aux congestions cérébrales ! Eh bien ! un animal desséché, qui n’est pas définitivement mort, qui ressuscitera demain si je le mouille, affronte impunément des variations de quatre-vingt-quinze degrés six dixièmes. M. Meiser et bien d’autres l’ont prouvé.

« Reste à savoir si un animal supérieur, un homme par exemple, peut être desséché sans plus d’inconvénient qu’une anguillule ou un tardigrade. M. Meiser en était convaincu ; il l’a écrit dans tous ses livres, mais il ne l’a pas démontré par l’expérience. Quel dommage, mesdames ! Tous les hommes curieux de l’avenir, ou mécontents de la vie, ou brouillés avec leurs contemporains, se mettraient eux-mêmes en réserve pour un siècle meilleur, et