Page:About - L’Homme à l’oreille cassée.djvu/49

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la chapelle du château impérial. Elle s’appuyait sur le bras de M. Renault père, qui avait mis des éperons pour la cérémonie. Léon suivait, donnant la main à Mlle Sambucco ; la vieille demoiselle était décorée de la Légion d’honneur. En approchant de l’autel, le marié s’aperçut que les jambes de son père étaient minces comme des baguettes, et, comme il allait exprimer son étonnement, M. Renault se retourna et lui dit : « Elles sont minces parce qu’elles sont sèches ; mais elles ne sont pas déformées. » Tandis qu’il donnait cette explication son visage s’altéra, ses traits changèrent, il lui poussa des moustaches noires, et il ressembla terriblement au colonel. La cérémonie commença. Le fond du chœur était rempli de tardigrades et de rotifères grands comme des hommes et vêtus comme des chantres : ils entonnèrent en faux bourdon un hymne du compositeur allemand Meiser, qui commençait ainsi :


Le principe vital
Est une hypothèse gratuite !


La poésie et la musique parurent admirables à Léon ; il s’efforçait de les graver dans sa mémoire, lorsque l’officiant s’avança vers lui avec deux anneaux d’or sur un plat d’argent. Ce prêtre était un colonel de cuirassiers en grand uniforme. Léon se demanda où et quand il l’avait rencontré : c’était la