Page:About - L’Homme à l’oreille cassée.djvu/83

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ration unanime de ces messieurs, attestant qu’un homme desséché à l’étuve ne peut en aucune façon ni par aucun moyen renaître à la vie. Ce certificat, rédigé par les adversaires et les ennemis du défunt, ne faisait nulle mention du mémoire annexé au testament. Nicolas Meiser jurait ses grands dieux (mais non sans rougir visiblement) que cet écrit concernant les procédés à suivre pour ressusciter le colonel, n’avait jamais été connu de lui ni de sa femme. Interrogé sur les raisons qui avaient pu le porter à se dessaisir d’un dépôt aussi précieux que le corps de M. Fougas, il disait l’avoir conservé quinze ans dans sa maison avec tous les respects et tous les soins imaginables ; mais au bout de ce temps, obsédé de visions et réveillé presque toutes les nuits par le fantôme du colonel qui venait lui tirer les pieds, il s’était décidé à le vendre pour vingt écus à un amateur de Berlin. Depuis qu’il était débarrassé de ce triste voisinage, il dormait beaucoup mieux, mais pas encore tout à fait bien, car il lui avait été impossible d’oublier la figure du colonel.

À ces renseignements, M. Hirtz, médecin de S. A. R. le prince régent de Prusse, ajouta quelques mots en son nom personnel. Il ne croyait pas que la résurrection d’un homme sain et desséché avec précaution fût impossible en théorie ; il pensait même que le procédé de dessiccation indiqué par l’illustre Jean Meiser était le meilleur à suivre. Mais dans le cas