Page:About - L’Homme à l’oreille cassée.djvu/87

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ne m’a pas fallu grand travail pour voir de quoi il s’agissait. J’ai fait vingt fois des choses plus difficiles dans des expertises de médecine légale. Vous pouviez même vous dispenser de la formule consacrée : « Quand vous aurez fait votre examen au microscope, je vous dirai ce que c’est. » Ces finasseries ne servent de rien : mon microscope sait mieux que vous ce que vous m’avez envoyé. Vous connaissez la forme et la couleur des choses ; il en voit la structure intime, la raison d’être, les conditions de vie et de mort.

« Votre fragment de matière desséchée, large comme la moitié de mon ongle et à peu près aussi épais, après avoir séjourné vingt-quatre heures sous un globe, dans une atmosphère saturée d’eau, à la température du corps humain, est devenu souple, bien qu’un peu élastique. J’ai pu dès lors le disséquer, l’étudier comme un morceau de chair fraîche et placer sous le microscope chacune de ses parties qui me paraissait de consistance ou de couleur différente.

« J’ai d’abord trouvé au milieu une partie mince, plus dure et plus élastique que le reste, et qui m’a présenté la trame et les cellules du cartilage. Ce n’était ni le cartilage du nez, ni le cartilage d’une articulation, mais bien le fibro-cartilage de l’oreille. Donc vous m’avez envoyé un bout d’oreille ; et ce n’est point le bout d’en bas, le lobe qu’on perce