Page:About - L’Homme à l’oreille cassée.djvu/92

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M. Martout avait contre lui non-seulement les sceptiques, mais encore la foule innombrable des croyants. Les uns le tournaient en ridicule, les autres le proclamaient subversif, dangereux, ennemi des idées fondamentales sur lesquelles repose la société. Le desservant d’une petite église prêcha à mots couverts contre les prométhées qui prétendent usurper les priviléges du ciel. Mais le curé de la paroisse, excellent homme et tolérant, ne craignit pas de dire dans cinq ou six maisons que la guérison d’un malade aussi désespéré que M. Fougas serait une preuve de la puissance et de la miséricorde de Dieu.

La garnison de Fontainebleau se composait alors de quatre escadrons de cuirassiers et du 23e de ligne qui s’était distingué à Magenta. Lorsqu’on sut dans l’ancien régiment du colonel Fougas que cet illustre officier allait peut-être revenir au monde, ce fut une émotion générale. Un régiment sait son histoire, et l’histoire du 23e avait été celle de Fougas depuis le mois de février 1811 jusqu’en novembre 1813. Tous les soldats avaient entendu lire dans leurs chambrées l’anecdote suivante :

« Le 27 août 1813, à la bataille de Dresde, l’Empereur aperçoit un régiment français au pied d’une redoute russe qui le couvrait de mitraille. Il s’informe on lui répond que c’est le 23e de ligne. « C’est impossible, dit-il, le 23e de ligne ne resterait