rivière, on construit un pont, mais quel pont ! Les seuls qui soient praticables sont l’ouvrage des Turcs ou des Vénitiens ; encore sont-ils si mal entretenus que les voyageurs préfèrent passer à côté en poussant leurs chevaux dans la rivière.
Le cimetière d’Athènes est séparé de la ville par l’Ilissus. Le lit du fleuve est quelquefois humide en hiver : on a attendu jusqu’en 1853 pour jeter un pont d’une rive à l’autre. J’ai vu encore, avant que le pont fût construit, les enterrements passer en sautillant au milieu des flaques d’eau.
Tant que l’on n’aura pas établi des voies de communication, les forêts ne pourront être exploitées ; tant qu’elles ne seront pas exploitées, elles ne seront pas gardées, et les bergers continueront à les dévaster.
2o C’est un axiome très-accrédité en Grèce que, nuire à l’État, c’est ne nuire à personne. Les paysans n’ont pas plus de respect pour la propriété nationale que si elle appartenait aux Turcs. Ils ne croient faire ni une mauvaise action ni un mauvais calcul lorsqu’ils causent à l’État un dommage de mille drachmes qui leur rapporte un sou. C’est en vertu de ce principe que les bergers incendient régulièrement les bois taillis, pour être sûrs que leurs troupeaux trouveront au printemps de jeunes pousses à brouter. Ces naïfs incendiaires ne se cachent pas pour faire de pareils coups : on trouve souvent, dans la campagne d’Athènes, de grandes taches noires qui couvrent une demi-lieue carrée, et l’on se dit : « Ce n’est rien, c’est un berger qui a fait de l’herbe pour ses brebis. »