Ces faits sont authentiques, ces chiffres officiels : quelles conséquences en peut-on tirer ?
Le peuple grec est pauvre, mais le pays ne l’est pas. Le pays, bien cultivé, produirait : pour la consommation, des céréales, des cotons, des fruits, des légumes, des bois ; pour l’exportation, des raisins de Corinthe, des huiles, du vin, du tabac, de la garance, de la vallonée[1] et de la soie.
Le pays est mal cultivé faute de bras, faute de capitaux et faute de routes.
Les bras ne manqueraient pas si le pays était sain, si la fièvre ne décimait pas les familles, si une loi d’exclusion ne repoussait pas les hétérochtones et les étrangers.
Les capitaux ne manqueraient pas, si les affaires offraient quelque sécurité, si les prêteurs pouvaient compter ou sur la probité des emprunteurs, ou sur l’intégrité de la justice, ou sur la fermeté du pouvoir.
Les routes ne manqueraient pas, si les revenus de l’État, qu’on gaspille pour entretenir une flotte et une armée, étaient employés à des travaux d’utilité publique.
Le devoir d’un gouvernement est de procurer, par tous les moyens honnêtes, l’accroissement et le bien-être de la population, l’observation rigoureuse des lois et le meilleur emploi possible des revenus de l’État.
- ↑ La vallonée est la cupule, le dé du gland du chêne valanède (quercus ægilops) : on l’emploie en teinture, comme la noix de galle, pour fixer les couleurs.