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arrière-neveux de Bucéphale. Ils viennent de Macédoine ou de Thessalie.

Leurs premiers maîtres les ont dressés par acquit de conscience. Lorsqu’on les a vus résignés, ou à peu près, à porter une selle et un homme, on leur a dit qu’ils pouvaient faire leur chemin dans le monde, et on les a dirigés sur la Grèce. La Turquie est en possession de fournir des chevaux au peuple hellène. Les officiers de cavalerie vont en remonte à Smyrne ou à Beyrouth ; les maquignons et les agoyates vont simplement à Salonique. Ce qui s’élève de chevaux dans le royaume ne mérite pas d’être compté.

Les Turcs, comme on sait, aiment à faire briller leurs montures ; les Grecs renchérissent sur cette passion : ils n’estiment que les chevaux semblables à la foudre, qui galopent sans toucher la terre, et dont la course ressemble à un feu d’artifice. Tous les Grecs appartiennent à la grande école de la fantaisie. On voit quelquefois à la promenade un cavalier sauter hors de la route, se jeter à corps perdu dans la campagne, disparaître dans un nuage de poussière, et ramener au bout de dix minutes, un animal fumant et couvert d’écume. Tout le temps que dure cet exploit, tous les promeneurs dont la route est peuplée tirent désespérément sur la bouche de leurs chevaux pour les empêcher de partir au galop. La plus belle qualité de ces agréables animaux est l’émulation, mère des grandes choses. Leur défaut principal est de n’avoir pas de bouche et de ne sentir le mors non plus que des chevaux de bois.

Les modestes chevaux des agoyates sont capables de s’emporter tout comme les chevaux du grand