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l’Angleterre et treize fois plus que la France. Le gouvernement, qui s’est avisé de rompre avec la Porte, entend assez mal les intérêts du pays[1].

La marine grecque, que nous voyons prospère et brillante, le serait bien davantage si les Hellènes n’avaient contracté deux mauvaises habitudes : l’une s’appelle la piraterie, l’autre la baraterie.

Tous mes lecteurs connaissent, au moins de réputation, la piraterie. C’est une industrie qui a fait son temps. Dans dix ans, grâce à la marine à vapeur, les pirates seront aussi rares dans l’Archipel que les voleurs de grand chemin dans la Beauce.

La baraterie a plus d’avenir. Lorsqu’un capitaine grec a bien vendu sa cargaison et son navire, il déchire ses habits, suspend à son cou un petit tableau représentant un naufrage, et vient, ainsi paré, dire à son armateur : « Le navire a péri. Nous avions oublié, en nous embarquant, de mettre un sou dans le tronc qui est à la proue : saint Christodule ou saint Spiridion s’est vengé. J’espère que nous serons plus heureux une autre fois. » Cette spéculation s’appelle : la baraterie. il n’est pas facile de l’empêcher : car les capitaines sont de bons comédiens, les matelots d’excellents comparses, et « a beau mentir qui vient de loin. »

La Grèce n’a qu’un seul vapeur, l’Othon : il appartient au roi. De longtemps la marine marchande n’emploiera les bateaux à vapeur. Il est facile à six

  1. La Grèce est rentrée en relations avec la Turquie. Cet accord durera aussi lngtemps que nous occuperons Athènes. (Note de la 2e édition.)