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Page:About - La Grèce contemporaine.djvu/159

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facilité les transactions et fourni des ressources à l’agriculture. En même temps elle offrait aux capitaux un placement avantageux. Pourquoi donc n’a-t-elle pas fait plus de progrès en onze années ?

C’est que les Grecs sont convaincus que le destin de la Banque est attaché à la personne de son directeur, M. Stavros. Quoique toutes les affaires ne se fassent pas encore très-régulièrement ; quoique l’arriéré s’élève à plus de 500 000 drachmes ; quoique la Banque ait été trompée quelquefois par ses estimateurs sur la valeur des terrains hypothéqués ; quoique des faussaires aient contrefait un certain nombre de billets et réduit l’administration à en fabriquer d’autres, la confiance publique est acquise à la Banque, parce que l’on connaît le talent et la capacité de M. Stavros. Mais, après lui, le préjugé populaire prétend qu’il ne restera plus que des maladroits ou des fripons. « Si Stavros mourait demain, me disait un Grec, je ne confierais pas dix drachmes à son successeur.

— Mais si l’État prenait en main l’administration de la Banque ?

— C’est autre chose. Je ne lui confierais pas dix lepta. »

Il faut que les Grecs soient marchands jusqu’au fond de l’âme pour que les misères de leur état et le spectacle de leur pays ne les aient point dégoûtés du commerce. Lorsqu’ils jettent les yeux sur la carte du monde, ils peuvent se dire : « Partout où s’étendent les mers, le commerce grec pénètre avec elles ; dans tous les ports que je vois, depuis Arkhangel jusqu’à Calcutta, l’on trouve des négociants grecs qui sont