Page:About - La Grèce contemporaine.djvu/162

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Le foyer, ce centre naturel de la famille, dont les anciens faisaient une chose sacrée, manque dans la plupart des maisons. Les hypogées sont aussi chauds que des caves, et il est inutile d’y allumer du feu. Une lampe fumeuse éclaire le maigre repas, une servante malpropre tourne autour de la table. Peu ou point de linge, jamais d’argenterie ; les enfants boivent dans des tasses de cuivre. Le père se sert le premier, puis la mère ; les enfants mettent la main au plat, si bon leur semble. Le repas fini, et il ne dure jamais longtemps, le père va se promener, la mère couche les enfants, et s’assied en attendant son mari. Les caresses, dont les parents sont si prodigues chez nous, sont presque inconnues chez eux. Toute cette bourgeoisie est triste et souffrante. La difficulté de vivre, le manque du nécessaire, l’amour-propre éternellement froissé, et surtout l’incertitude de l’avenir, empêcheront longtemps encore la naissance de cette intimité sans laquelle nous ne concevons pas la famille.

Chez les Phanariotes, la famille est à peu près ce qu’elle est chez nous. La femme, en tout l’égale de son mari, remplit gracieusement ses devoirs de maîtresse de maison ; les enfants témoignent à leurs parents un respect affectueux ; la mère embrasse son fils le matin et le soir : on est assez riche pour s’aimer.

C’est chez les paysans qu’il faut voir et étudier la famille.

Un soir, à la fin de mai, après une longue course dans les montagnes de l’Arcadie, nos guides nous arrêtèrent au village de Cacolétri. La première maison qui se présenta devant nous nous attira par un charme