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place et à tirer le meilleur parti de leur passage aux affaires. Chacun d’eux, en arrivant au pouvoir, prend soin de s’entourer de ses créatures. Il le fait par prudence et par devoir : par prudence, pour n’être pas trahi par ses subalternes, par devoir, pour récompenser le dévouement de ceux qui l’ont servi. Un ministre qui ne ferait pas place nette dans son département et qui ne remplacerait pas tous les hommes capables par des hommes dévoués, passeraient pour un sot et un ingrat. Il perdrait l’amitié de ses clients et serait la risée de ses ennemis. Il suit de là que tout le personnel de l’administration se renouvelle à chaque nouveau ministère : qu’il ne se forme jamais d’employés capables dans les bureaux ; que les employés de tout rang, n’ayant aucun avenir assuré, font main basse sur ce qui se trouve à leur portée ; que l’État n’a point de vieux serviteurs, et qu’il n’existe dans le royaume qu’un seul fonctionnaire civil qui ait pu acquérir des droits à la retraite. La conséquence plus éloignée, mais non moins nécessaire d’un pareil ordre de choses, c’est que le roi ne trouve jamais aucune résistance ni dans ses ministres, ni dans les autres fonctionnaires. Tous se sentent ou coupables, ou du moins incapables ; ils savent que leur fortune tient à un fil, et que, lors même qu’ils auraient plus de talent que d’honnêteté, la mauvaise humeur du roi ou la mauvaise digestion de la reine pourrait les précipiter : l’expérience leur a appris que la seule vertu prisée à la cour était l’obéissance ; ils obéissent.

Le roi tient dans sa main les sénateurs et les députés aussi bien que les préfets et les ministres.