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tement qu’elles ne puissent aller tous les jours en ville pour garder les malades, faire les ménages, et surtout exercer un commerce que les canons de l’Église n’ont jamais recommandé. Les pachas de Janina, pour mettre fin à un scandale dont les Turcs sont choqués, ont voulu plus d’une fois balayer cette maison qui abusait de leur tolérance ; mais la population grecque, et surtout le clergé, a poussé de tels cris que le couvent n’a pu être ni fermé ni réformé.

Le gouvernement du royaume de Grèce a trouvé le pays infesté des moines. Il a fermé beaucoup de couvents ; il aurait dû les fermer tous. La terre manque de bras, la population n’augmente point, et le célibat de ces moines est aussi nuisible au pays que la fièvre ou la peste.

Encore si les couvents étaient des ateliers ou des écoles ! Mais le plus beau privilège des moines grecs est de ne rien apprendre et de ne rien faire. Ces asiles d’ignorance et de fainéantise ne retentissent que de discussions oiseuses, de cancans politiques, d’intrigues antinationales et de louanges de l’empereur de Russie.

Au demeurant, les moines grecs sont d’assez bons vivants. Ils ne manquent de rien ; et la félicité porte les hommes à la bienveillance.

J’ai passé une fort agréable journée au monastère de Loukou, près d’Astros ; grâce à l’hospitalité babillarde de l’hégoumène ou supérieur. À notre arrivée, il était occupé à se faire baiser les mains par trois ou quatre rustiques des environs ; il se déroba à leurs hommages pour accourir au-devant de nous et nous dire que nous étions les bienvenus.