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LE PAYS.

loponèse, et la mer, et les îles, et tout au fond l’élégante Hydra, dont les filles couvrent leur tête et ne couvrent pas leur poitrine.

Entre Argos et Sparte, la route (je veux dire le sentier) parcourt un pays étrangement varié : des plaines brûlantes où le laurier-rose est en fleur ; des montagnes glaciales où les chênes et les mûriers attendent encore leurs premières feuilles. On passe en quelques heures du printemps à l’hiver, et l’on change de climat trois ou quatre fois par jour.

L’Eurotas est le plus beau fleuve de la Morée. Je ne vous dirai pas qu’on peut y lancer des bateaux à vapeur, ni même des canots de canotier ; mais c’est une vraie rivière, où l’on trouve de l’eau en toute saison. L’Illissus est mouillé quand il pleut ; le Céphise a toujours un peu d’eau, mais divisée en mille petits ruisseaux qui auraient rappelé à Mme de Staël le ruisseau de la rue du bac. La route qui nous menait à Sparte nous a jetés sans préparation au plus bel endroit de l’Eurotas. Son lit peut avoir là quinze mètres de large ; l’eau, très-claire et très-rapide, coule sur un lit de sable fin, entre deux massifs d’arbres derrière lesquels s’élèvent de beaux rochers, grands, taillés à pic, de couleur tantôt rougeâtre, tantôt dorée. Le pont est d’une seule arche, très-hardie : c’est une construction vénitienne. Les saules, les peupliers et d’énormes platanes se serrent à s’étouffer au bord de l’eau : on dirait que c’est à qui se fera une petite place pour regarder passer l’Eurotas. Ici les lauriers-rose sont de véritables arbres, plus grands que des chênes de vingt ans. Il ne faut pas penser cependant, comme M. de Chateaubriand l’a fait croire à beaucoup de