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examiner, toutes les lois que le roi a examinées sans les signer.

Le roi a, dit-on, le cœur excellent. La reine n’a pas une réputation de bonté aussi bien établie. Rien n’est plus facile que de l’offenser ; rien n’est plus difficile que de rentrer dans ses bonnes grâces. Je pourrais citer le nom d’un homme à qui elle ne pardonnera jamais d’avoir dîné chez elle sans appétit : elle a cru qu’il voulait humilier sa cuisine. J’en sais un autre qui s’est permis d’apporter à un bal de la cour une demi-douzaine de mandarines qu’il a distribuées à quelques dames. Ce coupable est un homme d’esprit, élevé en Angleterre, instruit, habile et très-propre à la diplomatie. Son père, qui était un des plus riches négociants d’Hydra, s’est ruiné pour la Grèce, qui lui doit près d’un million. Le fils ne sera jamais rien, pas même portier d’une ambassade. Ses oranges étaient une épigramme contre les rafraîchissements de la cour.

La reine est une divinité jalouse qui punit les coupables jusqu’à la septième génération. Elle avait autrefois pour dame d’honneur Mlle Photini Mavromichalis, une belle et gracieuse personne, la plus distinguée et la plus spirituelle de toutes les filles d’Athènes ; grande famille, du reste. Ses parents sont ces anciens beys du Magne qui payaient leurs contributions à la pointe d’un sabre. Mlle Mavromichalis a été élevée par la duchesse de Plaisance, qui s’est brouillée avec elle à propos d’une donation qu’elle lui avait faite et qu’elle voulait reprendre. Elle parle le français aussi purement qu’aucune habitante du faubourg Saint-Germain ; elle est aussi instruite que