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LE PAYS.

les débris d’Athènes brillent encore de jeunesse et de beauté, et attirent de loin les regards du voyageur, il faut chercher sous les champs d’orge un théâtre enseveli, un tombeau, et quelques pans de muraille qui marquent la place où fut sa rivale. Après un duel de plus de vingt siècles, Athènes a vaincu Sparte, et le champ de bataille lui est resté. La Sparte du moyen âge, Mistra, est une montagne escarpée, couverte du haut en bas de mosquées, de châteaux et de maisons écroulées : ruines étrangement pittoresques, au milieu desquelles on est tenté de regretter, pour l’harmonie, les Turcs, cette ruine vigoureuse d’une grande nation. La Sparte nouvelle est une création du roi Othon, qui a formé le vain projet de ressusciter tous les grands noms de la Grèce. C’est une ville d’administration et de commerce, toute en boutiques, en casernes et en bureaux.

La Laconie n’est pas à plaindre. Il est vrai qu’elle n’a plus ni les lois de Lycurgue ni cette organisation artificielle qui transforma violemment un peuple d’hommes en un régiment de soldats ; elle a perdu cette puissance brutale dont elle abusait pour opprimer ses voisins et faire des ilotes ; mais il lui reste une terre fertile, bonne à labourer, bonne à planter ; de larges ombrages sous les mûriers et les figuiers, des eaux fraîches et limpides ; le Taygète, dont le front se perdrait dans les nuages, s’il y avait des nuages ; il lui reste enfin le plus beau peuple du monde. Virgile, atteint déjà de cette langueur qui devait l’emporter au tombeau, regrettait la Grèce, comme tous ceux qui l’ont vue ; mais ce qu’il désirait surtout, c’était de voir les vierges de Laconie dansant