Page:About - La Grèce contemporaine.djvu/331

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de Loutraki, débarquent leurs dépêches et leurs marchandises, et les confient à des voitures qui vont les porter à un autre bateau tout prêt à Calamaki. Un jour le convoi a été intercepté ; les auteurs d’un si beau coup ne s’en sont pas fait gloire, et la police a respecté leur anonyme.

Un honorable touriste allemand a éprouvé à ses dépens que le voyageur ne doit pas s’embarrasser de bijoux. C’était un des hommes les plus ornés de l’Allemagne, et, soit pour inspirer plus de confiance aux aubergistes, soit pour ne point se séparer de souvenirs aimés, il courait, paré comme une châsse, sur les grands chemins de l’orient. Il fit rencontre d’un brigand bien armé qui lui montra deux pistolets et lui demanda sa bourse.

Le brillant voyageur ouvrait son paletot pour arriver à la poche de son pantalon : il découvrit une chaîne d’or. « Donne ta montre aussi, » ajouta le brigand.

L’allemand, pour ôter sa montre et sa chaîne, se débarrassa d’un de ses gants. « Donne aussi tes bagues. » Il les donna. Pendant qu’il détachait sa montre, il laissa voir deux boutons de chemise en brillants. « Donne les boutons, » dit le brigand. Il ôte les boutons ; sa chemise s’ouvre et laisse voir un médaillon. « Donne-moi cela par-dessus le marché, » dit le voleur insatiable. Ce coup fut le plus cruel, et, sans la présence des deux canons de pistolet, le pauvre allemand aurait fait une résistance héroïque. Le médaillon contenait des cheveux de Fanny Essler. C’était, de tous ses bijoux, le plus précieux ; car c’était celui qu’il avait payé le plus cher.