la salle se compose de deux lits de planches à fleur de terre et de deux petites cuves de pierre placées sous deux robinets. Chaque cuve renferme une sébile de bois.
Quand le patient a sué dix ou douze minutes, il voit entrer son baigneur qui le prend et l’étend sur un des lits de bois. Là commence l’opération du massage. Si le corps humain n’était pas doué d’une élasticité merveilleuse, un homme bien massé serait bon à porter en terre. Pendant qu’on est pétri par un robuste vieillard qui ne ressemble pas mal à un bourreau, on se demande de temps en temps si l’on n’a pas quelques os rompus, ou tout au moins désarticulés.
Êtes-vous suffisamment moulu ? Attendez : il faut maintenant qu’on vous étrille. Le baigneur s’arme d’un gant de poil de chameau qu’il vous promène sur tout le corps, entraînant, à chaque coup, de grands rouleaux de peaux mortes dont vous ne vous saviez pas porteur. Cela fait, il s’avance avec un formidable baquet de mousse de savon dont il vous habille de la tête aux pieds : gare aux yeux ! Finalement il puise dans les petites cuves de marbre quelques écuellées d’eau chaude dont il a soin de vous inonder. Puis on vous entortille de serviettes, on vous roule un turban autour de la tête, et l’on vous conduit ou plutôt on vous porte sur le lit de camp où vous vous êtes déshabillé.
Là commencent les délices du bain turc, ou du moins c’est là qu’elles commenceraient si le lit était propre, si le café était bon, si le narghilé se fumait bien, et s’il ne s’exhalait pas de tout ce qui vous entoure