Page:About - La Grèce contemporaine.djvu/396

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plus, s’il y a une maison propre dans le village, ce sera la sienne : allons donc chez le parèdre. Le premier paysan que nous interpellons nous conduit à la maison de son administrateur ; elle était d’une magnificence qui dépassait toutes nos prévisions : elle avait deux étages et des carreaux aux fenêtres ! Elle avait, merveille plus grande encore, une cheminée, dont le sommet était orné d’un beau pigeon de plâtre. Le parèdre, qui, du haut du village, nous avait vus arriver, accourut au-devant de nous avec un grand flot de peuple. C’était un jeune homme de taille élégante, de figure fine, et qui portait gaillardement le costume grec. Il nous accueillit de l’air le plus gracieux, et s’excusa de ne pouvoir nous donner l’hospitalité chez lui : c’était la Saint-Nicolas, et sa maison, plus heureuse que celle de Socrate, était pleine d’amis. « Ce que je puis faire, ajouta-t-il, c’est de vous conduire ici près, chez des amis dont la maison est la meilleure du village, après la mienne. » En effet, il nous mena dans un logis très propre, et muni de ce maigre confort qu’on peut espérer en Grèce. Il nous fit apporter de sa maison trois chaises, les seules de l’endroit, et qui faisaient l’orgueil de la commune. Elles ressemblaient, tant par la couleur de la paille que par leur construction un peu cyclopéenne, à ces chaises où l’on s’assied, pour un sou, au Luxembourg et aux Tuileries : mais on avait eu soin de peindre les bâtons en vert-pomme et les pieds en vermillon. Elles venaient de Patras, ces glorieuses chaises ; et elles avaient fait dix-huit heures de marche, à dos de cheval, par des chemins détestables, pour venir orner la maison du parèdre et