Page:About - La Grèce contemporaine.djvu/59

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Hérodote raconte qu’il s’éleva dans les airs une voix qui leur disait : « Lâches ! quand cesserez-vous de reculer ? »

Le peuple grec n’est pas né pour la guerre, quoi qu’il dise. Eût-il autant de courage qu’il s’en attribue, la discipline, qui est le principal ressort de la guerre, lui manquera toujours. Il prétend qu’il n’est pas né pour l’agriculture : je crains bien qu’il n’ait raison. L’agriculture réclame plus de patience, plus de persévérance, plus d’esprit de suite que les Hellènes n’en ont jamais eu. Ils aiment les voyages lointains, les entreprises hardies, les spéculations aventureuses. Le Grec se trouve à sa place sur la porte d’une boutique où il attire les chalands, ou sur le pont d’un navire où il amuse les passagers. Assis, il se complaît dans sa dignité ; debout, il s’admire dans son élégance ; mais il lui répugne de se courber vers la terre. Nos laboureurs le traiteraient de fainéant, et ils auraient tort ; il a l’activité de l’esprit. Les Grecs qui cultivent la terre se sentent humiliés : ils ambitionnent une place de domestique ou la propriété d’un petit cabaret. Le sol ingrat qu’ils tourmentent ne dit rien à leur cœur ; ils n’ont pas, comme nos paysans et comme leurs ancêtres, l’amour de la terre ; ils ont oublié les fables poétiques qui en faisaient la mère des hommes. Le paysan français ne songe qu’à arrondir son champ ; le paysan grec est toujours prêt à le vendre.

Au reste, ils vendent tout ce qu’ils peuvent, d’abord pour avoir de l’argent, ensuite pour le plaisir de vendre. En France, si vous proposiez à un ouvrier de lui acheter son habit, il vous répondrait, en enfonçant