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pays que quelques employés et cent cinquante soldats bavarois, lorsque le peuple fit une révolution pour les chasser.

Aujourd’hui, à l’exception de quelques serviteurs attachés à la personne du roi et payés sur sa liste civile, les seuls Bavarois qu’on rencontre en Grèce sont les habitants d’un pauvre petit village voisin d’Athènes et qu’on nomme Héraclée.

À l’époque de mon arrivée en Grèce (février 1852), il y avait à Athènes vingt-cinq ou trente Polonais qui, après avoir fait la guerre en Italie, trouvaient dans ce maigre pays une plus maigre hospitalité. Le climat leur était mauvais ; presque tous avaient la fièvre ; et tous seraient morts de faim sans la générosité d’un Grec, M. Négris, qui leur fournit l’argent nécessaire pour fonder un manége. Ils y travaillaient à perte, et M. Négris, en deux ans, y dépensa une trentaine de mille francs ; mais enfin ils vivaient. Le peuple d’Athènes, qui ne comprend pas qu’on fasse le bien sans intérêt, accusait M. Négris de conspirer contre la paix de l’Europe avec cette poignée de fiévreux et de vieillards. Les Polonais étaient maltraités assez régulièrement ; deux ou trois furent assassinés. Un officier grec insulta un Polonais sur la route du Pirée : le Polonais lui demanda raison ; le Grec refusa de se battre, en disant qu’il ne savait pas à qui il avait affaire. « Monsieur, répondit le Polonais, je suis officier comme vous, et plus que vous, car je me suis déjà battu, et je suis prêt à le faire encore. » Le Grec eut le courage de tenir bon et de ne point se battre. Malgré ces indignes traitements, les pauvres gens cherchaient à se rendre utiles. Un incendie se