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cet homme extraordinaire s’était échappé d’un volume de Plutarque, au bruit de la guerre[1]. Sans le corps des philhellènes, les Grecs n’auraient jamais pu attendre Navarin ; le maréchal Maison serait arrivé trop tard. Le royaume de Grèce doit la vie à cette poignée d’hommes.

Un de nos plus fins romanciers, M. Alphonse Karr, raconte l’histoire d’un philhellène à qui les grecs ont volé sa montre aux Thermopiles et sa tabatière à Marathon. Je pourrais raconter à mon tour l’aventure arrivée au pauvre docteur Dumont, philhellène que nous avons enterré il y a deux ans. Au plus fort de la guerre, et tandis qu’il passait une moitié de son temps à se battre et l’autre à panser les blessés, il fut presque mis en pièces par les Grecs. Les Grecs ont souvent intercepté les convois de vivres, d’armes et de munitions que l’Europe envoyait à la Grèce : ils venaient ensuite les revendre à l’Europe. Les Grecs plaçaient les philhellènes au premier rang dans les batailles, et se cachaient modestement au second. Un jour que les Grecs étaient bloqués dans l’Acropole, sans poudre, les philhellènes pénétrèrent dans la forteresse, sous le feu des Turcs, apportant chacun un sac de cartouches sur le dos. En récompense de ce dévouement, les assiégés leur signifièrent qu’il leur serait défendu de sortir, et les forcèrent de subir avec eux un blocus de plusieurs mois, sans bois, sans eau et sans aucun abri contre une pluie de boulets.

La guerre terminée, les Grecs se hâtèrent d’oublier

  1. Aujourd’hui le capitaine Fabvier est général de division en France.