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avoir conspiré contre l’Autriche, souffert sous les plombs de Venise, fait connaître son nom à toute l’Italie par des évasions aussi hardies que celles de Latude et du baron de Trenck, défendu les libertés de l’Espagne contre l’invasion française en 1824, et l’indépendance de la Grèce contre la domination turque jusqu’en 1828, ce conspirateur et cet insurgé a fait de l’ordre comme il avait fait du désordre, avec autant de talent et avec plus de succès. Pendant près de vingt ans, la tranquillité publique, le respect des lois et la vie du souverain ont été confiées à la garde de M. Morandi. Il était l’homme indispensable du royaume.

En 1848, Venise chassait les Autrichiens et proclamait la république, M. Morandi se souvint qu’il était Vénitien. Il demande un congé, on le lui refuse ; il part, ses concitoyens le reçoivent à bras ouverts ; il prend une part active au gouvernement de la république, et Manin lui confie un des forts de la ville pendant le siége.

Après la capitulation, le général revint en Grèce. La vengeance de l’Autriche l’y poursuivit. La reine, toute dévouée à la Russie et à l’Autriche, qui ne faisaient qu’un en ce temps-là, le traduit devant un conseil de guerre : il est acquitté à l’unanimité.

Cependant, on ne lui rend ni son grade ni sa solde, on refuse de lui donner le traitement de disponibilité qui lui était dû. Il veut partir pour le Piémont, où il aurait pu prendre du service comme général ; on lui refuse un passe-port, et le gouvernement lui défend à la fois la sortie de la Grèce et les moyens d’y subsister.