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Grèce cacher leur vie et semblaient devoir l’y finir.

L’une, fille d’un ministre de Napoléon, mariée dans une des trois plus grandes familles de l’empire, aimée de Marie-Louise, qu’elle servit en qualité de dame d’honneur, admirée de la cour pour sa beauté, à laquelle il ne manquait qu’un peu de grâce, estimée de l’empereur, pour sa vertu qui n’a pas même été soupçonnée, séparée de son mari sans autre cause que la différence de leurs humeurs, et renfermée dans l’amour d’une fille unique qui lui ressemblait en toutes choses ; après s’être montrée à tout l’Orient, avec cette fille pour qui elle ne rêvait rien moins qu’un trône, résignée enfin à vivre obscurément dans une condition privée, s’est fixée pour toujours à Athènes, dans toute la force de son âge et de son caractère. La mort prématurée de sa fille, une maladie incurable, la vieillesse qui est venue la surprendre, la solitude dont elle n’a pas eu soin de se préserver, un penchant invincible pour tout ce qui n’est point ordinaire, et peut-être la lecture assidue d’un même livre, l’ont jetée dans une religion qui n’appartient qu’à elle, très-éloignée du christianisme, et qui se rapproche de la foi israélite, sans cependant s’y confondre ; religion sans adeptes, dont elle est à la fois la prêtresse et la prophétesse. Dieu, qu’elle consulte et qui lui répond, lui a inspiré l’idée d’élever un grand autel sur le Pentélique. C’est un projet qu’elle exécutera dès qu’elle aura trouvé pour cet autel un plan digne de Dieu et d’elle-même. C’est du haut de ce monument qu’elle conversera avec Dieu, si Dieu lui