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Page:About - La Question romaine.djvu/103

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prendre les ordres du cardinal. La gestion des finances publiques est-elle publique ? Point. La nation vote-t-elle l’impôt, ou se le laisse-t-elle prendre ? Comme par le passé. Les libertés municipales sont-elles étendues ? Moins qu’en 1846.

Aujourd’hui, comme dans les plus beaux temps du despotisme pontifical, le pape est tout ; il a tout, il peut tout ; il exerce sans contrôle et sans frein une dictature perpétuelle.

Je n’ai point d’aversion systématique pour la magistrature exceptionnelle des dictateurs. Les anciens Romains la prisaient hautement, y recouraient quelquefois, et s’en trouvaient bien. Quand l’ennemi était aux portes et la République en danger, le sénat et le peuple, si ombrageux à l’ordinaire, abdiquaient tous leurs droits entre les mains d’un homme et lui disaient : « Sauve-nous ! » Il y a de belles dictatures dans l’histoire de tous les temps et de tous les peuples. Si l’on comptait les étapes de l’humanité, on trouverait presque à chacune un dictateur. Une dictature a créé l’unité de la France, une autre sa grandeur militaire, une autre sa prospérité dans la paix. Des bienfaits de cette importance, et que les peuples ne sauraient se donner tout seuls, valent bien le sacrifice temporaire de toutes les libertés. Un homme de génie, doublé d’un homme de bien, et investi d’une autorité sans bornes, c’est presque un Dieu sur terre !

Mais les devoirs du dictateur sont infinis comme ses pouvoirs. Un souverain parlementaire qui marche à