Page:About - La Question romaine.djvu/114

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Quirinal ; il a connu à Gaëte et à Portici ces heures impatientes qui aigrissent l’esprit des émigrés. Un grand principe, fort ancien, et dont la légitimité n’est pas douteuse pour lui, était violé en sa personne. Ses conseillers lui disaient unanimement : « C’est votre faute ; vous avez mis la monarchie en danger par vos idées de progrès. L’immobilité des gouvernements est la condition sine qua non de la stabilité des trônes ; vous n’en douterez plus, si vous relisez l’histoire de vos devanciers. » Il avait eu le temps de se convertir à ce système, quand les armées catholiques lui rouvrirent le chemin de Rome. Heureux de voir le principe sauvé, il se jura à lui-même de ne rien plus compromettre et de régner immobile, suivant la tradition des papes. Mais voici les étrangers, ses sauveurs, qui lui imposent la condition de marcher en avant ! Que faire ? Il n’osait ni tout refuser ni tout promettre. Il a hésité longtemps, puis il s’est engagé malgré lui, puis il s’est délié, dans l’intérêt de l’avenir, des engagements qu’il avait pris dans l’intérêt du présent. Maintenant il boude contre son peuple, contre les Français et contre lui-même. Il sait que la nation souffre, mais il se laisse dire que le malheur de la nation est indispensable à la sécurité de l’Église. Les murmures de sa conscience sont étouffés par les souvenirs de 1848 qu’on lui rappelle, et par la peur de la révolution, dont on l’étourdit. Il se bouche donc les yeux et les oreilles, et il s’applique à mourir tranquille entre ses sujets furieux et ses protecteurs mécontents. Tous les hommes sans énergie se conduiraient