Page:About - La Question romaine.djvu/124

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contre lui sont ses actes publics ; les seuls témoins à entendre sont la grandeur et la prospérité du pays qu’il gouverne.

Mais il est à craindre qu’une telle enquête ne soit accablante pour Antonelli. La nation lui reproche tous les maux qu’elle a soufferts en dix ans. La misère et l’ignorance publique, la décadence de tous les arts, la violation de tous les droits, l’oppression de toutes les libertés et le fléau permanent de l’occupation étrangère retombent sur sa tête, puisqu’il est seul responsable de tout.

A-t-il au moins servi utilement le parti de la réaction ? J’en doute. Quelles factions a-t-il supprimées à l’intérieur ? C’est sous son règne que les sociétés secrètes ont pullulé dans Rome. Quelles réclamations a-t-il fait taire au dehors ? L’Europe se plaint unanimement, et tous les jours elle élève la voix un ton plus haut. Il n’a réconcilié au saint-père ni un parti, ni une puissance. En dix ans de dictature, il n’a gagné ni l’estime d’un étranger, ni la confiance d’un Romain ; il a gagné du temps et rien de plus. Sa prétendue capacité n’est que malice. Il a la finesse du paysan, la ruse du peau-rouge ; il n’a pas cette hauteur de vues qui fonde solidement l’oppression des peuples. Personne, mieux que lui, ne sait traîner une affaire en longueur, amuser le tapis, fatiguer les diplomates ; mais ce n’est point par des jeux de cette sorte qu’on affermit une tyrannie branlante. Il a toutes les roueries de la mauvaise politique ; je ne sais pas s’il en a le talent.