Page:About - La Question romaine.djvu/151

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cherche des témoins du crime, et l’on n’en trouve jamais. Un citoyen croirait se déshonorer en livrant son camarade aux ennemis naturels de la nation. Le mort lui-même, s’il pouvait revivre, affirmerait qu’il n’a rien vu. Le gouvernement n’est pas assez fort pour contraindre les témoins à dire ce qu’ils savent, ni pour les rassurer sur les suites de leur déposition. C’est pourquoi le crime le plus évident ne peut être démontré en justice.

Supposez que l’assassin se soit laissé prendre, que les témoins aient ouvert la bouche, que le crime soit prouvé ; le tribunal hésite à prononcer la peine de mort.

Qu’importe qu’au hasard un sang vil soit versé !

L’effusion du sang attriste les populations, le gouvernement n’a rien contre le meurtrier : on l’envoie aux galères. Il ne s’y trouve pas mal ; la considération publique l’y accompagne ; tôt ou tard il recevra sa grâce, car le pape, indifférent à son crime, voit plus de profit à le lâcher qu’à le nourrir.

Mettez les choses au pis. Imaginez un crime si patent, si monstrueux, si révoltant, que les juges les plus désintéressés dans la question auraient dû condamner le coupable à la peine de mort. Vous croyez peut-être qu’on s’empressera de le frapper pour l’exemple ? Point. On le jette dans un cachot ; on l’y oublie ; on espère qu’il y mourra de lui-même. Au mois de juillet 1858, il y avait dans la petite ville de Viterbe vingt-deux condamnés à mort qui chantaient des