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Page:About - La Question romaine.djvu/153

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tribunal de Bologne a décrit fidèlement l’état du pays, dans une sentence du 16 juin 1856 :

« Dans les années passées, des crimes innombrables de toute espèce affligeaient cette province. Des vols, des pillages, des escalades, avaient lieu continuellement à toute heure et partout. Le nombre des malfaiteurs allait en augmentant, ainsi que leur audace, encouragée par l’impunité. »

Rien n’est changé depuis le jour où le tribunal de Bologne parlait si bien. Les récits les plus invraisemblables et les plus vrais se répandent chaque matin dans le pays. L’illustre Passatore qui arrêta toute la ville de Forlimpopoli dans la salle du théâtre, a laissé des successeurs. Les audacieux brigands qui dévalisèrent une diligence dans les rues de Bologne, à quelques pas des casernes autrichiennes, ne sont pas encore enterrés. Dans une promenade de quelques semaines, sur les bords de l’Adriatique, j’ai entendu plus d’un bruit inquiétant. Ici, on parlait d’un propriétaire assiégé dans sa maison par une petite armée : c’était tout près de Rimini. Là, on racontait l’histoire de toute une prison évadée avec ses geôliers, bras dessus bras dessous. Plus loin, la diligence avait eu des malheurs aux portes de la ville. Si un canton vivait en paix, c’est que les habitants s’étaient abonnés et payaient rançon aux brigands. Je rencontrais cinq fois par semaine le courrier pontifical, sous l’escorte d’un omnibus rempli de gendarmes, et ce spectacle me donnait à craindre que le pays ne fût pas sûr.