Page:About - La Question romaine.djvu/158

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Si quelquefois on punit les coupables d’un certain rang, si même on exagère contre eux la rigueur des lois, soyez sûr que le bien public n’y est pour rien ; cherchez ailleurs les causes de sa condamnation. Témoin le procès Campana, qui a fait tant de bruit en 1858.

Ce pauvre marquis était, après son père et son grand-père, directeur du mont-de-piété. Son emploi le plaçait immédiatement sous la main du ministre des finances. C’était au ministre à surveiller ses actions et à l’empêcher de mal faire.

Il devient fou. La fureur de collectionner, qui a perdu tant d’honnêtes gens, le pousse à la ruine. Il achète des tableaux, des marbres, des bronzes, des vases étrusques. Il entasse galeries sur galeries, achetant tout ce qu’on lui présente, à tort et à travers. Jamais Rome n’avait vu un acheteur si terrible ; il achetait comme on boit, comme on prise, comme on fume de l’opium. À force d’acheter et de collectionner, il épuise sa collection d’écus et songe à négocier un emprunt. La caisse du mont-de-piété était là ; il s’emprunte à lui-même, et met ses collections en gage. Que dit le ministre ? M. Galli, ministre des finances, dit oui. Campana était bien en cour, estimé du pape, aimé des cardinaux ; ses principes étaient connus, il avait prouvé son dévouement au pouvoir ; le gouvernement ne refuse rien à ses amis. On permet au marquis de s’emprunter 100 000 francs à lui-même ; il fournit un nantissement qui valait bien davantage.